L'homme né de la femme, ses jours sont limités |et pleins de troubles !
Il est comme une fleur |qui sort de terre et que l'on coupe. Il fuit comme une ombre furtive, |et il ne dure pas.
Et c'est cet homme |que tu épies, et, devant toi, |tu me traînes en justice.
Peut-on tirer le pur |de ce qui est impur ? Personne ne le peut.
Puisque tu as fixé |le nombre de ses jours, |et que toi, tu connais |le nombre de ses ans, puisque tu as fixé |le terme de sa vie |qu'il ne franchira pas,
détourne tes regards de lui, |accorde-lui quelque répit pour qu'il jouisse de son repos |comme le salarié.
Car un arbre, du moins, |conserve une espérance : s'il est coupé, |il peut renaître encore, il ne cesse d'avoir |de nouveaux rejetons.
Sa racine peut bien |vieillir dans le terrain et sa souche périr, |enfouie dans la poussière,
dès qu'il flaire de l'eau, |voilà qu'il reverdit et produit des rameaux |comme une jeune plante.
Mais lorsque l'homme meurt, |il reste inanimé. Quand l'être humain expire, |où donc est-il alors ?
L'eau disparaît des mers, les rivières tarissent |et restent desséchées,
et l'homme, quand il meurt, |ne se relève plus ; jusqu'à ce que le ciel s'éclipse |il ne se réveillera pas, il ne sortira pas |de son dernier sommeil.
Si seulement, ô Dieu, |tu voulais me tenir caché |dans le séjour des morts, m'y abriter |jusqu'au jour où, enfin, |ta colère sera passée ! Si seulement tu me fixais |un terme après lequel |tu penserais à moi !
Mais l'homme une fois mort, |va-t-il revivre ? Alors, tous les jours de service |que je dois accomplir j'attendrais que le temps |de ma relève arrive.
Toi, tu m'appellerais |et je te répondrais, et tu soupirerais |après ta créature.
Alors que maintenant |tu comptes tous mes pas ! Tu ne resterais plus |à l'affût de mes fautes.
Ainsi mon crime |serait scellé dans un sachet, tu couvrirais mes fautes |d'une couche de plâtre.
La montagne s'écroule |et se disloque, le rocher se détache |du lieu qu'il occupait.
L'eau érode les pierres et son ruissellement |entraîne le terreau. De même, tu anéantis |l'espoir de l'homme.
Tu le terrasses sans retour, |et il s'en va. Oui, tu le défigures, |puis tu le congédies.
Que ses enfants soient honorés, |lui, il n'en saura rien. Ou qu'ils soient abaissés, |lui, il l'ignorera.
Il ne peut que souffrir |du mal qui l'atteint en son corps et s'affliger |du malheur qu'il ressent.